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cogito
13 décembre 2004

Je vis à Prétention-sur-Douais

 Prétentieux : Qui estime, par vanité, avoir une certaine supériorité, qui cherche à se mettre en valeur pour des qualités qu'il n'a pas.
(Source Larousse)

 Suis-je quelqu'un de prétentieux? Malheureusement je crains que oui. Par mon essence même je suis prétentieux. J'essaie de faire mon trou dans ce monde alors que finalement quoi qu'il arrive je suis insignifiant au milieu de cette immensité. Le fait même de prétendre avoir une chance d'y arriver, c'est être prétentieux, c'est ce sentir supérieur. J'ai toujours espéré, rêvé même, cette unicité remarquable. "Moi je suis unique et forcément je réussis mieux que les autres". Se sortir de l'ensemble pour se sentir réellement unique. Là où intervient réellement la prétention, c'est qu'il s'agit forcément de s'en sortir par le haut, comme se sortir de cette "peuplade morne et monotone" (<= termes utilisés pour caractériser cette pensée inconsciente). C'est totalement débile comme pensée. Mais voilà, l'ambition, l'égocentrisme et la prétention mélangés font souvent mauvais breuvage. Et pourtant, je suis plein de contradictions à ce sujet. Comme si, j'étais un prétentieux qui essaie de guérir. En prendre conscience c'est déjà une étape, mais guérir... guérir pour ne plus blesser, guérir pour connaître vraiment les personnes, guérir pour que les gens me connaissent vraiment, guérir pour être sociable... En fait, guérir pour moi tout simplement, pour ne plus me sentir coupable, pour m'accepter comme je suis.

 Je n'aime rien de tout ce qui représente la prétention et pourtant je suis prétentieux. C'est assez contradictoire n'est-il pas? Pas question de rejetter la faute sur un possible inconscient manipulateur au possible. Je suis comme ça et je n'aime pas. Alors existe-t-il une origine sur laquelle je pourrais me retourner pour me justifier. Peut être en ai-je trouvée une, mais je ne souhaite pas qu'elle me serve d'excuse. C'est cette sempiternelle précocité intellectuelle. Je ne sais pas si le mot précocité s'applique à moi finalement. Je n'ai pas su lire avant les autres. Ah si!! Dès la maternelle, on m'a dit que j'écrirai mal. Sur ce point j'ai été précoce il est vrai mais bon... J'ai toujours été un bon élève voire un très bon élève, un putain d'intello comme diraient d'autres... Et c'est vrai que j'avais l'esprit vif, toujours en éveil, intéressé de tout et de rien. Alors l'école allait trop lentement pour moi. Mais je n'ai pas sauté de classe car déjà je ne le voulais pas (les copains avant tout) et aussi parce que passé un certain niveau, je ne me sentais pas assez à l'aise pour rattrapper un an en 2 mois. Le tout est qu'en 4ème, j'apprends, presque par hasard mais de façon certaine, que je fais partie de ces 1 ou 2 % de personnes qui ont une intelligence supérieure à la moyenne. Je m'en rends compte maintenant, mais pour moi ça a été un tournant. Avant je me doutais un peu, sans être sûr que j'étais un peu différent, mais maintenant c'était certain. "Moi je suis plus intelligent que d'autres personnes qui se vantent..." Même si pour moi l'intelligence, la vraie, ne se mesure pas par de tels tests, il y avait un peu de vrai. Mais en aucun cas, il ne fallait le crier. Terrible erreur de le faire. La différence ne s'accepte pas. Alors il a fallu supporter, ne rien dire et ne surtout pas se servir de cette argument. En fait cette nouvelle qui peut paraître comme bonne apparaît finalement comme un poids difficile à porter. Ceux qui ne connaissent pas peuvent avoir du mal à comprendre. D'un jour à l'autre, on vous classe dans une autre catégorie, on vous dit que vous avez de la chance. Jusque là tout va bien, ça semble ne pas être faux. Et pourtant en plus de ce poids du silence, en vient un autre, incomparablement lourd par rapport au précédent. Vous avez une chance exceptionnel, honte à vous si vous la gachez. En quelques mots tout est résumé. Une intelligence, ça s'entretient. Et si vous échouiez? Et si votre intelligence si supérieure ne servait finalement qu'à vendre des sandwichs dans un fast-food? Cela ne serait forcément que de votre faute. Parce que votre égoïsme vous aura empêché de vous forcer, pour les autres du moins. Rater la voix de la réussite toute tracée alors qu'on a des facilités, ça rend coupable. Chaque signe d'une éventuelle déviation fait peur, inquiète. Stressés les élèves, évidemment. Les surdoués? Cent foix plus. Condamnés à réussir, l'échec devient honteux, le mental souvent fragile, craque. Etre surdoué présente des avantages, souvent matériels ou en rapport avec ce point et des inconvénients, souvent psychiques qui agissent sur des âmes souvent sensibles. Moi j'ai souffert et je souffre encore beaucoup de cette situation. Mais j'essaie de faire face parce que je ne suis quand même pas le plus mal lôti. De toute façon je préfère le mérite au résultat... Une façon peut être de me sentir moins exclus. En fait c'est paradoxal cette situation, je voudrais être comme les autres mais sortir quand même du lot pour marquer mon unicité. J'ai toujours voulu le beurre et l'argent du beurre. "En même temps pourquoi pas puisque je suis en partie supérieurs aux autres". C'est peut être cette dernière phrase que je pense en me refusant à la croire.
 

 Tout me tourne la tête. Je suis un peu perdu, comme si je subissais la vie au lieu de la vivre. Peut être tout simplement par peur de mal faire ou de faire mal... Alors oui je suis prétentieux. Je le refuse pourtant. Je vais de paradoxes en paradoxes pour me former mon équilibre à moi. Celui que j'aime, ma conception du bien. Pour le momen j'ai du atteindre les 2 % du travail accompli. Je ne finirai jamais. J'espère simplement oeuvrer dans le bon sens.

"L'amour-propre et la prétention sont les premières vertus. À leurs limites, se définit la personne."  Francis PONGE

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Commentaires
T
J'espère galérer, ne serait-ce que pour alléger ce poids qui pèse sur moi. D'ailleurs l'an prochain je signe pour en chier. Direction Prépa (là dans le genre hors sujet on commence).<br /> C'est vrai que je réfléchis sur moi, mais peut être trop des fois. Parfois, j'ai l'impression d'oublier de vivre. "Connais toi toi-même"... A force de réfléchir sur moi j'ai l'impression de me mélanger dans plusieurs personnalités. Mais bon je ne désespère pas. Je sais très bien qu'avec le temps, tout s'arrangera. Mais pour le moment il faut supporter l'instant même. Et pour cela il y a les amis. Les amis qui font relever la tête. Comme dirait Bénabar "Si on reconnait quelqu'un à ses copains, j'espère que les miens sont très très bien" Chanson sympa par ailleurs...<br /> Re à bientôt toujours...
L
Tu as des facilités, mais à coté de ça tu as souffert d'être classifié "intello". Toute médaille a son revers. Il arrivera peut être un jour où tu devras galerer un peu pour réaliser ce que tu veux, ce jour là ça te fera peut être bizare, et puis tu regretteras le temps où c'etait facile. C'est difficlie d'être satisfait de ce qu'on a, ou pire de qui on est! Déjà tu reflechis sur toi même, c'est plutot une bonne chose, non? :o)<br /> <br /> (Je me lance dans le hors sujet) Un jour j'etais en pleine crise existentielle et j'ai envoyé un mail pour confier mes doutes à une personne qui m'est très chère, j'avais du dire que je me sentais nulle de douter autant de mes sentiments. Elle m'a repondu "aime toi, aime toi de te poser toutes ces questions, d'avoir cette capacité d'analyse". Je sais pas si ça s'applique à ton cas, mais depuis que j'ai reçu cette réponse c'est une phrase que je n'ai pas oublié.<br /> Voilà, voilà!<br /> <br /> Re- à bientot, alors!
T
Déjà, merci pour ton commentaire. Ensuite je suis en partie d'accord avec toi. C'est vrai qu'il faut être ambitieux et que c'est bien de voir loin. Mais ce que je me reproche c'est de considérer que ça me reviendrait presque de droit. C'est de cette prétention dont je parle. C'est aussi de me lever plus haut que je ne suis vraiment. Ca, je n'aime pas ça. Alors voilà, deux "moi" s'opposent. Le premier, celui "qui était là avant", le prétentieux, l'arrogant, le désinvolte. Et l'autre moi, celui de la raison, celui qui met tout son pouvoir au service de ce paradoxe qui pousse à ne pas aimer le premier moi. Finalement, je me retrouve à me détester et en même temps à avoir une idée trop haute de moi. Terrible combat intérieur que tout cela... Au fait j'adore le hors-sujet, mes profs moins mais ça, ce n'est pas grave....<br /> <br /> A bientôt bien sûr
L
Bonsoir Thésée,<br /> <br /> Mon commentaire porte sur la première partie de ton message, c'est-à-dire sur "Se sortir de l'ensemble pour se sentir réellement unique. Là où intervient réellement la prétention, c'est qu'il s'agit forcément de s'en sortir par le haut..." <br /> Pour moi, ce n'est pas de la prétention que tu decris là, je dirai simplement de l'ambition. Et c'est normal d'avoir envie de faire mieux que les autres (les "autres" etant indéfinis), si tu n'aspires pas à ça alors qu'est ce qui va te pousser dans ta vie? On veut tous faire mieux et dans tellement de domaines! On veut être plus tolerant, plus combatif, on veut aimer mieux, on veut être fier de soi. Je ne vois pas de mal à ça, au contraire. Continue ton chemin, trouve tout ce que tu voudrais faire mieux que les autres et lance toi!<br /> <br /> Je vais m'arreter avant d'être hors propos. ;o)<br /> A bientot!
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